Pourquoi j’ai voulu me reconvertir ?
- Burn out ? Non, déjà connu auparavant, et c’était derrière moi.
- Perte de sens ? Un peu, je l’avoue. À un moment, me prendre la tête pour trouver THE post qui fera la différence sur les réseaux sociaux, pour répondre à cette surenchère en mode « c’est moi la plus forte, la plus populaire, et toc »… Vraiment, ça me gonflait. L’impression d’être totalement déconnectée de la réalité de la vie…
- La sensation que quelque chose m’attendait ailleurs ? Que je n’avais pas tout investigué et qu’il y avait sûrement d’autres professions faites pour moi ? Oui, il y avait aussi de ça.
Mais il y avait autre chose, en fond d’écran. Une chose qui était là, sans être là.
Parlons peu et soyons honnête
La désillusion. Voilà le mot/maux est lâché.
Tout ça, cette perte de sens, mon entrée dans la vie active qui s’est soldée par :
- un burn-out,
- l’enchaînement de CDD,
- de belles promesses,
- cette impression de stagner, d’être enlisée dans du sable mouvant…
Tout ça n’a fait que nourrir cette désillusion.
L’avenir est à moi
Quand je suis rentrée dans la vie active, j’étais surexcitée. D’autant plus que j’étais en overdose sévère des études.
Je n’imaginais qu’un scénario : celui où j’allais enfin m’épanouir, dans un job qui me permettrait de gagner ma liberté, d’évoluer, de me nourrir (au propre comme au figuré), de construire quelque chose. Je me projetais.
Vous savez, la fameuse question de l’entretien d’embauche : « et sinon dans 5 ans, vous vous voyez où ? ». Pour le coup, je n’avais aucun problème pour y répondre ! Je me voyais m’éclatant dans mon job que j’avais choisi et que j’aimais, en train de visiter des maisons, en pensant mariage et bébé (oui, je sais c’est très cliché tout ça, mais c’est tout moi, j’assume ! )
Bref, je me voyais prendre ma vie en main, la dessiner, la vivre à fond. J’étais plutôt sereine, car après tout, je les avais faites, ces longues études…
« Fais des études et tu auras un bon travail »
« Fais des études et tu auras un bon travail ». Elle est tenace cette affirmation. J’ai grandi avec ça en tête, je n’ai entendu que ça. Et naïve que je suis, je l’ai cru.
Alors quand, malgré mon bac + 5 on m’a proposé un 1er job au SMIC en CDD, et qu’en parallèle, tous mes amis de promo autour de moi galéraient à trouver ce fameux premier emploi, je me suis dis « étonnant ce n’est pas ce qu’on nous avait annoncé à la fac, on nous a plutôt dit que ça recrutait, que ça payait bien ».
Je me suis dis que c’était le début…. sauf que les semaines, les mois, les années ce sont enchaînés et rien n’a changé. Autour de moi, on était tous dans la même galère. Et peu importe le secteur professionnel ou le bagage scolaire. Certains ont fait des services civiques, d’autres ont déjà fait le choix de se réorienter…
Bref, à ce moment-là, j’ai compris que la réalité était tout autre que celle qu’on nous a vendu. Et ça, ça fait mal.
Quand on réalise que ce ne sera pas si simple que ça, qu’on mettra peut-être 10 ans de plus que ses parents à construire ce qu’ils ont construit (et encore…), qu’on ne peut rien vraiment prévoir, qu’on peut perdre son emploi en claquant des doigts, que la retraite sera bientôt un mot préhistorique…
Bref, tout ça, ça fait le même effet que lorsqu’on apprend que le Père Noël n’existe pas….
Sympa le cadeau empoisonné…
Difficile alors de ne pas avoir le syndrome de la désillusion… Et si, en plus, de base, son job, on ne l’aime pas tant que ça, à quoi bon s’entêter…
NOTE : L’autre jour, je me promenais dans ma rue avec mon fils de 4 ans. Nous croisons le voisin, qui s’adresse à mon petit garçon et lui dit : « tu n’es pas à l’école aujourd’hui ? Tu sais, il faut bien travailler à l’école comme ça, tu auras un bon travail ! ».
Année : 2020
Âge du petit garçon : 4 ans (et en arrière-plan, son frère de 2 ans qui comprend et intègre tout)
Voilà, il y a encore du travail….